Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

lundi 14 septembre 2009

Abstraction au voyage, I

 

Mouvement oscillatoire entre deux lieux (pour l’anecdote, Paris et Aix-en-Provence).

— pour la seule anecdote.

Le temps s’arrête en un lieu (Paris, Gare de Lyon, papiers gras et gris, annonces précédées de notes enjouées, que nous, accablés sous le poids de nos (sacs ?), écoutons aux aguets des retards…, un parmi les autres eux-mêmes comme des animaux inquiets, le temps s’arrête à 15h16.

Il reprendra trois heures dix-sept minutes plus tard en Gare de Marseille

— si tout va bien. Parce qu’il est plus simple pour aller de Paris à Aix-en-Provence, au lieu d’Aix –en-Provence qui me fut alloué comme mon lieu il y a de cela des années, de descendre du train à Marseille. L’anecdotique n’aide donc pas dans ce cas.

Il sera arrivé qu’il prenne trois heures douze minutes de plus, cinq heures de plus, qu’il ne reprenne qu’en pleine nuit sans que ces variations aléatoires puissent en quelque façon être prévues par qui les subit. Il arrive que le retard soit sans commune mesure avec l’impatience ou l’angoisse dont il est cause.

Entre temps, il y aura eu trois heures dix-sept minutes suspendues entre deux lieux —

Trois heures dix-sept minutes répétées deux fois par semaine répétées environ vingt-cinq fois dans l’année, sur une période de dix années…dont il n’y a pas lieu de penser qu’elle se termine…

Qui m’auront déplacée d’un lieu en un autre.

Il est possible que la très exactement même durée de voyage se soit intercalée entre d’autres horaires. Cette variation-là n’est pas signifiante (sauf pour la lumière, oui, pour la lumière elle change tout mais nous n’en sommes pas là).

La question est devenue, au fil de ces années :

Où va se perdre le temps suspendu entre ces deux lieux ?

C’est la répétition de ces voyages, comprenez-vous ? , qui fut cause de leur abstraction. Après le cinquantième voyage, tous les voyages se sont mis à se ressembler. Il est devenu de plus en plus difficile de les distinguer les uns des autres, dans un sens ou dans l’autre, alors même que, par un effet d’optique que je n’explique pas, à l’intérieur de leur temporalité (suspendue entre deux lieux qui n’en sont pas), les détails se sont exacerbés.

1 commentaire:

  1. de ces abstractions du temps qui pourraient enfermer, confiner dans un renoncement.. tu as su égrèner ces mêmes instants pour nous permettre d'entendre ces mouvements pendulaires.. il est là ce temps suspendu : dans tes mots

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